27/07/2008

Sur la route


Nuit tourmentee, passee a faire face aux assaults des puces innombrables qui peuplaient le lit que j'ai trouve. Je suis arrive a Ruhengeri hier, la ville est affreuse, sorte de ville nouvelle traversee par de grandes arteres, bordees par des commerces sans charme, vitrine du developpement vitesse rapide du Rwanda qui en perd toute son identite pour se fondre dans le conformisme de la nation mondialisee. Architecture sobre, a seule vocation utilitaire, la seule raison etant d'anticiper les moindres desirs des gros touristes occidentaux en chemin pour rendre visite aux gorilles. Tout pourtant suinte le malaise du petit centre urbain tentant de cacher ses origines rurales: les paysans deambulent paisiblement en plein milieu de la nationale, juches sur des velos peinant a gravir les collines, portant leurs fardeaux au marche, tandis que des vaches et des chevres paissent nonchalament sur le bord de la route, juste derangees par le vrombissement tonitruant des camions en direction de l'Ouganda voisin....

Puis apparaissent les bicoques en terre et leurs minuscules parcelles ou survivent tant bien que mal des centaines de familles sur un terrain constitue de roches volcaniques et de cendres deposees par les eruptions des volcans des Virungas, peinant a bouffer suffisament tant l'espace manque, ce qui fait de la region une des plus pauvres du pays. A la place s'etendent, impudiques, les cultures de cafe destinees a l'exportation, fierte nationale; des champs de theiers et de vignes, dont la production est joliment exposee dans les vitrines des grands magazins du centre de Kigali....

Mais cela n'arrete pas les americains et autres belges qui devalent la zone a l'aide de 4X4 enormes, klaxonnant pour avertir les gamins et les vieux qui s'attardent de leur passage, c'est toujours mieux qu'un coup de frein pour les faire s'ecarter de la chaussee, s'arretant pour prendre deux ou trois photos des baraques delabrees qui s'amoncellent tout autour comme pour confirmer qu'ils sont bien alles dans un pays decidement tres pauvre, puis remontant dans leur vehicule pour rouler jusqu'au Parc National. Et peu importe si la population creve la dalle derriere leurs fenetres teintees, ils trouveront bien le temps d'oublier la misere en mitraillant les gorilles, car pour 500 dollars ce sont eux les rois, pour une journee, petit complexe de superiorite qui refait surface.

Quant a moi, apres m'etre enmitouffle dans ma cape impermeable a la place de dormir, j'ai finalment trouve un logement, et comble de l'ironie, chez le conservateur des Virungas. Je suis creve, trois nuits sans sommeil ont marquees mon visage de crevasses enormes sous les yeux, pas pris de douches depuis autant de temps, et mon linge empeste la moufflette jusqu'a faire fuir les paysannes a l'haleine de ragondin... Au moins moi je ne pue pas de la gueule, enfin je ne sais pas si le the africain est conseille pour se brosser les dents, pour l'instant personne n'est mort quand j'ai ouvert la bouche. C'est le pied, mais aussi leur odeur.


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