19/07/2008

Kigali by night

La route descend, sinueuse, se faufilant entre des batiments delabres; je suis a Biryogo, le quartier musulman de Kigali, haut lieu de la nuit rwandaise. Quelques drogues sniffent de la colle, plonges dans l'obscurite d'une ruelle, a leurs cotes racolent des prostitues, silencieuses, guettant le client sans prononcer la moindre parole, de toute facon ce dernier c'est bien qui elles sont et ce qu'elles font. Des gargottes diffusent leur lumiere moiree dans la rue, laissant echapper dans la quietude nocturne les cris et les rires des habitues, rassembles autour d'une Primus ou d'une partie de billard. Je sers contre moi ma banane contenant mon argent, comme par reflexe. Je presse le pas pour rejoindre mon ami quelques metres plus loin, puis observe cette foule de noctambules qui se deverse dans ce lieu sordide. Il y a peu de femmes, quelques vieilles mendiantes se blotissent dans des recoins, s'enmitoufflant dans leurs voiles dechires; des enfants s'amusent dans l'egout qui longe la voie, dont les dalles censees l'abriter sont depuis longtemps en pieces. Une puanteur a elue domicile dans la moiteur du debut de soiree, odeur d'excrements et d'urine, fumet nauseabond de brochettes de poissons et de chevres joint a la friture omnipresente. Les coiffeurs deversent en tas les cheveux recoltes recemment, alors qu'un travesti, dos coube, rentre vite se cacher dans le taudis rassurant ou il tapine, se sachant constamment menace du fait de sa sexualite. Les rares lampadaires clignottent. Les hommes s'empoignent virilement, se saluant par des accolades puissantes puis rigolent a gorges deployees, jetant par terre les cadavres vides de leurs bouteilles de bieres. Je reste inquiet, ne repondant que par des sourires confus lorsque l'on s'adresse a moi, evitant precipitament les preservatifs qui jonchent les allees adjacentes, puis interroge mon ami une fois eloigne de la grande mosquee autour de laquelle les gens continuent d'affluer d'un pas presse. Le Rwanda etait jusque alors ,dans mon esprit, un pays sans problemes, ou les flics patrouillent, ou la mendicite est faible, ou a 22h les rues s'endorement, mais loin du centre ville un autre portrait surgit, le visage deforme de la misere que l'on tient a laisser cachee.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quel commentaire sur un tel sujet?
Les tréfonds de humanité sont l'humanité dans son horreur et sa vérité la plus poignante.